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La stimulation cérébrale profonde du noyau subthalamique induit-elle de l’apathie dans la maladie de Parkinson ?

Communiqué / Eq S.Carnicella, Parkinson, Recherche

Le 12 mars 2025

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Des chercheurs du GIN en collaboration avec leurs collègues rennais ont récemment montré que la stimulation cérébrale profonde utilisée comme traitement de la maladie de Parkinson était aussi responsable dans certains cas d’une perte de motivation (apathie). Leurs résultats devraient améliorer le traitement des malades ; ils ont été publiés dans l’European Journal of Neuroscience.

"Il est rare que, dans une étude, on puisse comparer deux espèces différentes, surtout quand cela concerne des patients humains" reconnaît Yvan Vachez, aujourd’hui Chargé de Recherche Inserm au GIN. "Ici, nous avons eu la chance de pouvoir le faire grâce à des expériences réalisées à Grenoble avec des rats et au suivi de patients parkinsoniens à Rennes."

En effet, en 2018, alors qu’Yvan Vachez soutient sa thèse intitulée « Troubles neuropsychiatriques de la maladie de Parkinson et stimulation haute fréquence du noyau subthalamique » préparée sous la direction de Sabrina Boulet, le professeur Marc Vérin, neurologue spécialiste de la maladie de Parkinson au CHU de Rennes (maintenant à Orléans) et membre de son jury, lui révèle faire les mêmes observations que lui chez ses patients parkinsoniens. Les chercheurs décident alors de comparer leurs données et de publier leurs résultats ensemble.

L’apathie est un des symptômes courants de la maladie de Parkinson. Elle se manifeste par un manque de motivation persistant et une perte d’intérêt pour les interactions sociales et les activités quotidiennes. Ce symptôme, qui peut se manifester avant les troubles moteurs de la maladie, répond assez bien aux traitements classiques : les médicaments dopaminergiques qui compensent le déficit de dopamine dû à la neurodégénérescence.

Cependant, avec l’évolution de la maladie, les patients sont souvent traités par stimulation cérébrale profonde du noyau subthalamique pour réduire les symptômes moteurs. Celle-ci permet généralement de diminuer de moitié la prise de médicaments dopaminergiques. Mais, avec ce traitement, certains patients développent une apathie. Pourrait-elle être un effet secondaire indésirable de la stimulation cérébrale profonde ?

Les travaux de recherche d’Yvan Vachez apportent des éléments de preuve soutenant cette hypothèse : "Dans nos expériences, on voit clairement que chez le rat qu’il soit parkinsonien ou pas, la stimulation cérébrale profonde bilatérale du noyau subthalamique peut induire une perte de motivation."

Mais le chercheur a aussi montré que lorsque cette stimulation n’est pas bilatérale mais unilatérale, elle ne provoque pas de perte de motivation chez le rat. Et Marc Vérin avait fait les mêmes observations chez ses patients parkinsoniens : une stimulation cérébrale profonde unilatérale avait moins d’effet apathique.

Les cliniciens associés à cette étude préconisent donc, quand la question se pose, une stimulation cérébrale profonde unilatérale du noyau subthalamique plutôt que bilatérale, afin de limiter les effets secondaires tout en assurant une prise en charge optimale des patients atteints de la maladie de Parkinson.

 


Bilateral but not unilateral STN-DBS promotes apathy in Parkinson's disease patients. (A) Bilateral STN-DBS promotes apathy, highlighted by a significant increase of the Apathy Evaluation Scale (AES) score (pre–STN-DBS: 30.9 ± 1.2, STN-DBS: 39.2 ± 1.8, Wilcoxon signed rank test, p = 0.002), and permit a significant Unified Parkinson's Disease Rating Scale III (UPDRS III) score improvement (pre–STN-DBS: 31.1 ± 3.7, STN-DBS: 14.3 ± 2.6, Wilcoxon signed rank test p = 0.007), along a significant levodopa-equivalent daily doses (LEDD) reduction (pre–STN-DBS: 1200.0 ± 123.1, STN-DBS: 796.7 ± 179.0, Wilcoxon signed rank test p = 0.02). (B) Unilateral STN-DBS does not only promote apathy, as shown by a similar AES score before and after DBS (pre–STN-DBS: 27.4 ± 2.1, STN-DBS: 27.1 ± 2.0, Wilcoxon signed rank test p = 0.82), but also permits a significant UPDRS III score improvement (pre–STN-DBS: 26 ± 3.6, STN-DBS: 11.1 ± 2.6, Wilcoxon signed rank test p = 0.0011) and LEDD reduction (1162.0 ± 160.9, STN-DBS: 589.0 ± 91.2, Wilcoxon signed rank test, p = 0.0011). Unilateral, n = 11, bilateral, n = 12. Data shown as means ± SEM. *p < 0.05, **p < 0.01.

Référence :
Unilateral and Bilateral Subthalamic Deep Brain Stimulation Differently Favour Apathy in Parkinson's Disease
Yvan M. Vachez, Marie Bahout, Robin Magnard, Pierre-Maxime David, Carole Carcenac, Mylène Wilt, Gabriel Robert, Marc Savasta, Sebastien Carnicella, Marc Vérin, Sabrina Boulet
Volume61, Issue4, February 2025

This article also appears in: Basal Ganglia and Related Disorders

 

Date

Le 12 mars 2025

Publié le 13 mars 2025

Mis à jour le 13 mars 2025