Addiction au sport et dopamine : les éclairage de Sébastien Carnicella

Dans le domaine sportif, et particulièrement dans les disciplines d’endurance, la question de l’addiction au sport revient régulièrement. S’agit-il d’un phénomène réel ? Comment distinguer une pratique intensive mais saine d’un comportement pathologique ? Et quel rôle joue la dopamine dans tout ça ? 

Pour éclairer ces questions, Sébastien Carnicella, directeur de l’équipe "Physiopathologie de la Motivation" a répondu aux questions Cyril Forestier de pour l’émission Courir Mieux.

Spécialiste des neurosciences de la motivation, Sébastien Carnicella s’intéresse à toutes les formes d’addictions : des substances jusqu’aux comportements compulsifs. Il travaille en collaboration avec Clément Ginoux, Stéphane Doutreleau et Clément Baud (laboratoire SENS – Sport et environnement social). Ensemble, ils ont récemment mené à une étude en contexte sportif réel sur les coureurs de l’ultra-trail UT4M dans le sang desquels ils ont recherché des marqueurs biologiques corrélables à la motivation. 

Dans cet entretien, Sébastien Carnicella revient sur :

• les idées reçues tenaces autour de la dopamine,
• la distinction fondamentale entre dépendance et addiction,
• la manière dont le cerveau régule motivation, plaisir et effort,
• les facteurs de vulnérabilité qui peuvent mener à une addiction comportementale,
• et le ressenti particulier envers le sport d’endurance

Cette discussion apporte un regard scientifique, précis et nuancé sur un sujet souvent trop simplifié dans les médias. Elle intéressera autant les pratiquants du trail que les professionnels du sport, les étudiants ou toute personne curieuse de comprendre comment notre cerveau nous pousse (ou nous contraint) à agir.

Citations : 

« On associe souvent dopamine et plaisir… mais même sans dopamine, on est capable d’expérimenter le plaisir. La dopamine, c’est le neurotransmetteur de la motivation, en majuscule. Sans dopamine, on ne fait rien. »
« Une addiction, c’est la continuation d’un comportement en dépit des conséquences négatives. On sait que ça va être mauvais, mais on est incapable de s’empêcher. »

« Une addiction ne peut pas être positive. Quand on est dans l’addiction, par définition, c’est négatif. »
« L’addiction au sport va être associée à une souffrance, à une détresse psychique importante. Le volume ne rentre pas en compte. On peut être addict au sport avec 5 ou 10 heures par semaine, et pas du tout addict avec 30 heures. »

« La passion harmonieuse, c’est une activité qui nous plaît, mais en harmonie avec notre vie personnelle, familiale et professionnelle, avec une certaine flexibilité. La passion obsessionnelle est très rigide. On est plus dans “il faut le faire” que dans “j’ai envie de le faire”. »

« On est tous dépendants à l’activité physique comme on est dépendants à l’eau et à la nourriture. La vraie maladie, aujourd’hui, c’est la sédentarité. »

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