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Communiqué / Eq J.Bastin, Recherche, Santé, Schizophrénie
Le 2 octobre 2025

Deux études récentes menées par des chercheurs du GIN dévoilent de nouveaux mécanismes cognitifs impliqués dans les dimensions souvent « silencieuses » de la schizophrénie.
La schizophrénie est un trouble psychiatrique chronique qui touche environ 1 % de la population. Elle associe hallucinations, idées délirantes, troubles de la pensée, mais aussi des symptômes moins visibles mais fortement handicapant comme la diminution de la motivation et les difficultés cognitives.
Deux études récentes impliquant les chercheurs de l’équipe "Cerveau, Comportement et Neuromodulation" du GIN, en collaboration avec les laboratoires LPNC (Grenoble) et CRNL (Lyon, équipe PsyR²), apportent un éclairage inédit sur ces dimensions cliniques en découvrant deux mécanismes cérébraux sous-jacents : le traitement sensoriel précoce et la capacité d’allocation d’effort.
« Ces études sont importantes car elles permettent de mieux comprendre certains mécanismes clés et très complexes qui sont à l’origine des symptômes invalidants de la schizophrénie » précise le Pr Clément Dondé, médecin psychiatre et chercheur au GIN, investigateur de ces études. « La perturbation du traitement précoce des stimuli auditifs environnementaux contribue aux troubles cognitifs, tandis que les anomalies de traitement du coût de l’effort sont impliquées dans les troubles motivationnels. Ces manifestations cliniques représentent les principaux vecteurs de handicap chez les personnes atteintes de schizophrénie. »
Quand l’audition perturbe la décision
Dans une première étude, les chercheurs visaient à comprendre pourquoi les personnes atteintes de schizophrénie rencontrent des difficultés à faire la distinction entre deux sons, et à déterminer si ces difficultés relèvent d’un problème sensoriel ou d’un problème de prise de décision à partir de cette perception.
30 sujets atteints de schizophrénie et 30 sujets contrôles ont réalisé une tâche de discrimination auditive (le tone-matching). Au-delà de l’analyse des simples performances (réponses correctes, temps de réaction), les chercheurs ont appliqué un modèle computationnel de diffusion (drift-diffusion model, DDM) pour décomposer le processus décisionnel.
Ils ont observé que les sujets atteints de schizophrénie accumulent l’information sensorielle plus lentement (drift rate réduit) et présentent un surcoût dans les temps non décisionnels (perception ou réponse motrice). Ces observations suggèrent que le déficit auditif ne résulte pas seulement d’une mauvaise perception sensorielle, mais de la manière de traduire le son perçu en réponse comportementale.
Quand l’effort est mal ajusté
Dans la deuxième étude, 25 sujets avec schizophrénie et 25 sujets contrôles ont réalisé une tâche d’effort dynamique : durant 30 secondes, ils devaient faire varier leur effort physique (en pressant une manette) pour gagner de l’argent, selon la difficulté imposée et l’incitation (somme proposée).
Les résultats montrent que les sujets atteints de schizophrénie adaptent moins bien leur effort à l’incitation, passent moins de temps au-dessus du seuil requis et obtiennent des gains moindres par rapport aux sujets sains.
Il ne s’agit pas simplement d’un manque de motivation, mais bien d’un problème de décision adaptative de l’effort. En d’autres termes, le « calcul coût/bénéfice » de l’effort est altéré, ce qui limite l’engagement dans un comportement dirigé vers un but.
Mieux comprendre pour mieux soigner
« À présent que ces mécanismes sont mieux caractérisés sur le plan comportemental, la prochaine étape, qui est déjà en cours de réalisation au laboratoire, consiste à réaliser des tests d’imagerie cérébrale et d’électroencéphalogramme afin d’identifier leurs bases cérébrales, qui pourraient devenir des cibles thérapeutiques pour la stimulation cérébrale non invasive » explique le Pr Clément Dondé. « Ces avancées offrent un véritable espoir pour le développement de traitements plus efficaces et ciblés pour les personnes concernées par la schizophrénie. »
Références :
Characterizing early auditory deficits in schizophrenia using drift-diffusion modeling
Dondé C, Pereira M, Nalborczyk L, Roux P, Faivre N, Brunelin J. Schizophr Res. 2025 Jul 29;284:23-31. doi: 10.1016/j.schres.2025.07.024. Online ahead of print. PMID: 40737765
Impaired effort allocation in schizophrenia.
Blouzard E, Cignetti F, Meyniel F, Pouchon A, Polosan M, Bastin J, Dondé C.
Schizophr Res Cogn. 2025 Jul 15;42:100378. doi: 10.1016/j.scog.2025.100378. eCollection 2025 Dec. PMID: 40697646 Free PMC article.
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