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Les déficits de motivation dans la schizophrénie : étude sous l'angle de la prise de décision liée à l'effort

Soutenance, Thèse / Eq J.Bastin

Le 4 juillet 2024

Soutenance de thèse de Elodie BLOUZARD

Le jeudi 4 juillet 2024, Elodie BLOUZARD a soutenu sa thèse intitulée "Les déficits de motivation dans schizophrénie : étude sous l'angle de la prise de décision liée à l'effort".

Cette thèse a été dirigée par Clément DONDE et Julien BASTIN de l'équipe "Cerveau, Comportement et Neuromodulation" du GIN.

Composition du jury :

- Marie Izaute, rapporteur, Université Clermont Auvergne
- Anne Giersch, rapporteur, Inserm, délégation Est
- Mircea Polosan, examinateur, CHUGA
- Clément Dondé, directeur de thèse, CHUGA
- Julien Bastin, co-directeur de thèse, Inserm

Résumé de thèse : 

La schizophrénie est une maladie psychiatrique touchant près de 1% de la population. Les personnes souffrant de cette maladie ont des hallucinations et des délires mais ont également un déficit de motivation qui est un des symptômes les plus handicapant au quotidien. Cela peut les empêcher de maintenir une activité professionnelle ou associatives, d’avoir des interactions sociales satisfaisantes avec leurs familles et/ou leurs amis. Ce déficit de motivation fait partie de ce que l’on appelle les symptômes négatifs de la schizophrénie. Ces symptômes sont mal compris et il n’existe pas de traitement.

Des tâches étudiant le compromis coût/bénéfice entre plusieurs niveaux d’efforts et de récompenses ont été utilisé pour comprendre le déficit de motivation. Dans la schizophrénie particulièrement, il existe une vingtaine d’études utilisant ces tâches d’effort et examinant leur lien avec le déficit de motivation. Nous avons regroupé ces études pour quantifier la magnitude du déficit de prise de décision liée à l’effort à l’aide d’une méta-analyse. Nous avons trouvé que la magnitude du déficit dans la schizophrénie était intermédiaire et robuste et était corrélée au niveau de symptôme négatif. En parallèle, nous avons constaté que les efforts demandés dans ces études étaient toujours statiques, ne laissant pas aux sujets la liberté de s’adapter. Nous avons donc examiné l’effort sous un angle dynamique. Cela reflète plus les compromis que nous faisons dans notre quotidien où nous sommes plus libres d’allouer nos efforts selon nos choix. Nous avons donc réutilisé une tâche d’allocation qui avait participé à la modélisation des mécanismes de motivation chez des sujets sains mais n’avait jamais été utilisé pour étudier le déficit de motivation. Nous avons trouvé que l’allocation des efforts chez les patients schizophrènes était moins guidée par la difficulté de ces derniers. Ils faisaient autant d’efforts à chaque niveau de difficulté. Cependant, cela n’était pas corrélé au niveau de symptôme négatif. Pour compléter notre tour d’horizon de la perception de l’effort dans la schizophrénie, nous réutilisons le principe des tâches de jugements subjectifs c’est-à-dire que l’on demande la perception subjective des sujets d’items d’efforts sur une échelle de notation qui détermine à quel point un effort est déplaisant pour eux. Cela permet d’accéder directement au processus de valuation des efforts dans la schizophrénie. Lors d’une deuxième étape, nous avons enregistré les fixations oculaires des sujets lors de choix entre deux items d’efforts notés précédemment. Cela nous permet de vérifier que les sujets font bien leur choix en fonction des notes données aux efforts à l’étape précédente. Les données de regard nous donnent de précieuses informations sur la perception de la valeur de chaque item d’effort dans les choix qui est fortement influencé par l’attention visuelle chez les sujets sains. Bien que les analyses de cette troisième approche soient toujours en cours, nous voyons que les patients font des choix moins guidés par la valeur qu’ils ont donné aux efforts que les sujets contrôles. Il semble qu’il se fit davantage à leur attention visuelle pour sélectionner les efforts. Il n’y a pas de corrélation avec les symptômes négatifs.

En conclusion, on voit de multiples déficits dans la prise de décision liée à l’effort mais leur lien avec les symptômes négatifs ne sont pas directs. Pour bien comprendre ces approches et les résultats obtenus, il me faut d’abord vous présenter ce qu’est la prise de décision basée sur la valeur, la schizophrénie et la prise décision basée sur la valeur dans la schizophrénie.

Date

Le 4 juillet 2024
Complément date

14h

Localisation

Complément lieu

GIN - Amphithéâtre Serge Kampf

Publié le 24 juin 2024

Mis à jour le 28 octobre 2024