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Science pour tous
On November 17, 2023
Le jeudi 16 novembre, le collectif CARMEN (Conscience Attention Représentation Mentale) a organisé une journée de séminaires sur le « voyage mental ». Entre rêve, vagabondage et méditation, le public de spécialistes et de néophytes, a été conquis.
C’est dans un amphi comble que la journée a été introduite par une définition de ce que l’on appelle le « voyage mental ». Évoqué dans la littérature comme au cinéma, cet état de conscience sollicite à la fois l’imagination, la mémoire, la projection dans le temps et même l’empathie et les émotions.
En s’extrayant du moment présent et du contexte immédiat, nous sommes capables de « voyager » mentalement, dans un futur que l’on s’invente ou un moment passé que l’on se remémore. C’est le cas par exemple de Perrette dans la fable de La Fontaine, avant qu’elle ne casse son pot au lait…
Bases neuronales du Voyage Mental
Dans ces moments où nous ne sommes pas focalisés sur le monde extérieur, lorsque notre cerveau est au repos mais actif, il se met en « mode par défaut ». Les régions cérébrales activées alors constituent le DMN (Default Mode Network). Le retour à la réalité – par un événement brutal – le fait rebasculer sur le réseau central exécutif avec un passage par le réseau de saillance qui assure la bascule entre les deux.
Le DMN, dont fait partie l’hippocampe, joue un rôle essentiel dans le voyage mental : des cas cliniques ont prouvé qu’en cas de lésions dans le DMN, le voyage mental est altéré.
Des études montrent aussi que les zones cérébrales actives du cerveau ne sont pas tout à fait identiques lorsque l’on se remémore le passé ou que l’on se projète dans le futur… Le lobe préfrontal, par exemple, n’est sollicité que pour une projection dans le futur.
Le voyage mental existe-t-il chez les animaux ?
Une étude très récente publiée dans Science*, laisse penser que les rats seraient également capables de « voyage mental ». En effet, les cellules de lieu présentes dans leur hippocampe comme dans le nôtre semblent leur permettre de guider leurs déplacements dans un espace réel comme dans un espace imaginé ! C’est ce que des chercheurs américains ont pu observer à l’aide d’une interface cerveau-machine reliée à leur hippocampe.
Des questions à foison
Dans le public, il y avait des experts, des étudiants mais aussi des néophytes et des curieux, tous passionnés par le fonctionnement du cerveau. Les courtes sessions de questions étaient difficiles à interrompre tant elles ouvraient sur d’autres sujets tout aussi intéressants. « Le niveau scientifique est élevé, mais c’est bien vulgarisé. J’ai tout compris ! » se félicitait une participante ravie de pouvoir prolonger les discussions directement avec les chercheurs lors des pauses.
Tout au long de la journée, le public a également pu feuilleter et acheter le premier ouvrage du Collectif CARMEN : « Penser la conscience » publié aux éditions UGA. Un ouvrage pluridisciplinaire entièrement co-écrit où les membres du collectif confrontent leurs approches : imagerie cérébrale, tableaux cliniques, dimensions développementale et évolutionniste, corrélats neuronaux, incarnation animale ou artificielle, approche philosophique et épistémologique…
Note :
* Volitional activation of remote place representations with a hippocampal brain–machine interface. Lai et al., Science 382, 566–573 (2023) 3 November 2023
Date
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