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Projet Brain Implant : une interface cerveau-machine pour restaurer la parole

Communiqué / Eq B.Yvert, Science pour tous

Le 8 juillet 2025

Implant cérébral

Depuis plus de dix ans, Blaise Yvert, directeur de recherche Inserm au Grenoble Institut des neurosciences, a un objectif : faire reparler les personnes handicapées qui ont perdu leurs facultés vocales.

Avec son équipe « Neurotechnologies et dynamiques des réseaux », il travaille au développement d’une interface cerveau-machine capable de décoder l’activité cérébrale liée à la parole, dans l’objectif de la restituer via un appareil externe. Une technologie innovante, à la croisée des neurosciences, de l’ingénierie et de l’éthique mais aussi un défi colossal qu’il a entrepris de relever depuis la fin de ses études.  

En effet, dès l’obtention de son diplôme de l’École centrale de Lyon en 1993, le jeune ingénieur est accueilli dans un laboratoire d’électrophysiologie humaine de l’Inserm, à Lyon. « Je voulais développer des technologies pour la santé, en particulier au service des personnes handicapées. J’ai été en contact avec plusieurs d’entre elles dans ma jeunesse et je suis sensible à cette cause », explique Blaise Yvert.

Après plusieurs années de recherche qui l’ont mené jusqu’aux États-Unis, il rejoint l’Institut des Neurosciences de Grenoble et démarre son projet autour du décodage des signaux cérébraux de la parole en collaboration notamment avec Clinatec.

L’interface à laquelle Blaise Yvert consacre son travail s’adresse en particulier aux personnes atteintes de « locked-in syndrome » (LIS). Elles ne peuvent ni bouger ni parler en raison d’une paralysie complète, mais leurs facultés cognitives sont intactes. « Les activités corticales produites lorsqu’elles veulent dire quelque chose sont toujours présentes, donc si on arrive à les décoder avec nos implants, nous pourrons restituer ce qu’elles souhaitent dire », espère le chercheur. Un premier essai clinique devrait débuter en 2025.

Récemment, ce projet a été sélectionné dans le cadre du programme Impact Santé, financé par France 2030 et porté par l’Inserm. Brain Implant, le consortium scientifique qu’il a rassemblé pour ce projet, bénéficie d’une subvention de trois millions d’euros pour développer un nouvel implant cérébral qui permettra d’améliorer la précision de reconstruction de la parole à partir de l’activité cérébrale. Pour décoder finement l’activité cérébrale, le chercheur estime qu’il faudra encore améliorer les dispositifs : augmenter le nombre d’électrodes, innover dans les matériaux et l’électronique intégrée.

« Nous voulons créer une brique technologique qui servirait à la fois pour la recherche fondamentale et pour développer des interfaces cerveau-machine à usage clinique dans différentes indications : pour restaurer la parole ou d’autres fonctions motrices » explique-t-il.

Le chercheur dirige également, depuis début 2025, le Grenoble Initiative in Medical Devices (LabEx GIMeD), un partenariat de recherche sur les dispositifs médicaux. « Le but est de rassembler les laboratoires pluridisciplinaires qui développent des technologies de santé, incluant des équipes spécialisées dans les sciences humaines et sociales pour réfléchir aux implications de ces technologies » explique le chercheur.
Conscient que ces développements et leurs enjeux pour l’humain et la société s’accompagnent immanquablement de questions éthiques, le chercheur a mis en place un travail de réflexions, conduit avec des philosophes et des associations de patients.

 

Date

Le 8 juillet 2025

Pour aller plus loin

Blaise Yvert : faire parler le cerveau
Article de l'Inserm, publié en 2025

"Implants cérébraux : la nature humaine remise en question"
Article The Conversation d'Eric Fourneret (philiosophe BrainTech Lab, UGA), Blaise Yvert (GIN, Inserm) et Clément Hébert (GIN, UGA) publié en 2020

Publié le 8 juillet 2025

Mis à jour le 14 juillet 2025